Chapitre 9

 

 

Un éclair grésilla en zébrant le sol à l’horizontale, illuminant la scène jusqu’alors plongée dans la pénombre. Le combat semblait se dérouler sous des éclairages stroboscopiques, par bribes, par fragments, se figeant, mais à aucun moment visible dans sa totalité : Mistral à genoux, le bras tendu ; une volée de flèches aux pointes scintillant faiblement sous cette éblouissante luminosité brûlante ; de sombres silhouettes se découpant entre les arbres ; une forme plus petite qui progressait en rampant, derrière Mistral.

Je pouvais suivre la trajectoire des flèches, non pas visuellement mais par les réactions physiques de Mistral sous leurs dards. Il vacilla, comme si cela était possible alors qu’il était déjà tombé à genoux. Son corps s’affaissa, avant de s’écrouler sur le côté, se soutenant sur un bras pour ne pas totalement s’effondrer. De l’autre main, il projeta un nouvel éclair, qui frappa loin des arbres en carbonisant le sol, sans atteindre les archers assassins.

Je me penchai très bas sur l’encolure de ma jument blanche. Là, à terre, se trouvait l’un des pères des enfants que je portais. Je ne voulais pas en perdre encore un. Je ne le permettrais pas !

— Nous allons nous charger de capturer les agresseurs. Occupe-toi du Seigneur des Tempêtes ! me héla Sholto, qui semblait avoir saisi mes intentions.

J’obtempérai. Mistral s’effondrait peu à peu sous cette avalanche de métal froid. S’il pouvait être sauvé, cela devait être fait au plus vite. Ce ne fut pas la vengeance qui me motiva en cet instant. Je voulais qu’il reste en vie !

Puis il tomba de côté sur l’herbe flétrie par l’hiver, ses cheveux tourbillonnant en tous sens sous le vent soulevé par notre passage. Ce souffle s’engouffra ensuite dans sa houppelande, qu’il entraîna en la déployant tout autour de son corps. Il semblait ne rien remarquer, la main tendue vers les arbres, d’où jaillit un autre éclair, et nous étions suffisamment près pour que ma vision nocturne en soit comme lacérée ; lorsque cet éblouissement se fut estompé, je me retrouvai aveuglée au cœur de la noirceur.

C’est un véritable savoir-faire de chevaucher sa monture lorsqu’elle atterrit. Un savoir-faire que, je dois bien l’avouer, je ne maîtrisais pas vraiment. Ce fut donc une expérience bouleversante lorsque ses sabots écrabouillèrent l’herbe givrée. Je dus me maintenir à cru dans l’obscurité, le temps que ma vue revienne. Une vision en pointillés, mais suffisante pour révéler Mistral, terriblement inerte sur le sol noir et blanc.

La seule lumière provenait des flammes vertes qui irradiaient des sabots de la jument. Une lueur diffuse qui me rappelait le feu qu’invoquait Doyle au creux de ses mains. Doyle que j’avais laissé dans un bien triste état. S’il avait repris connaissance, il devait être fou d’inquiétude ! Mais un désastre à la fois. Des médecins s’occupaient de lui, alors que, en ce moment précis, Mistral n’avait que moi sur qui compter. Je me laissai glisser de ma monture, l’herbe épaissie de givre glacée sous mes pieds nus. Puis soudainement, la nuit se rafraîchit. La jument échappa à ma main pour partir au galop rejoindre les autres. Je me rendis alors compte que je me retrouvais seule. J’avais accompli ma vengeance : Cair l’avait payé de sa vie. La magie qui m’avait accompagnée cette nuit s’estompait, circulant à présent à proximité de Sholto et des Seelies qui s’étaient retrouvés embarqués de force à notre suite. Je pouvais entendre au loin les aboiements des chiens scintillant contre les arbres, diffusant suffisamment de lumière pour que je parvienne à distinguer trois silhouettes qui tiraient sur la Meute, avant qu’ils ne se jettent sur elles. À mon avis, Sholto n’avait pas eu ma sensibilité. Il n’avait pas hésité à les mettre à contribution.

Je me laissai tomber sur l’herbe rigide au côté de Mistral, dont le sang avait fait fondre le givre, le sol s’ameublissant sous ce ruissellement écarlate. Sa longue chevelure déployée, non pas du gris dû à l’âge, car jamais il ne vieillirait, mais des nuages d’orage, lui dissimulait le visage, toute tiède lorsque je la repoussai pour localiser sur son cou les battements de son cœur. Je n’avais jamais été très douée pour le repérer au poignet, et sans la magie de la Meute, j’étais particulièrement consciente de ne porter qu’une robe légère. Prise de grelottements, je n’en poursuivis pas moins assidûment mes recherches.

Tout d’abord, je craignis que nous ne soyons arrivés trop tard, mais enfin, sous mes doigts tremblants, je le sentis. Il était vivant ! Mais jusqu’à ce que j’eusse repéré son pouls, je n’avais pas osé évaluer la gravité de ses blessures. Comme si je tentais de me voiler la face, mais maintenant je devais m’y confronter, je devais constater ce que j’avais sous les yeux.

Ses larges épaules, son corps puissant, étaient transpercés de flèches. J’en comptai cinq. Curieusement, aucune n’avait atteint le cœur. La seule explication qui me vint à l’esprit étant que les éclairs avaient dû leur brouiller la vue comme la mienne. Je n’étais pas sûre que sa Main de Pouvoir ait réglé son compte à un seul de ses agresseurs, mais il était parvenu à leur rendre la tâche plus difficile pour viser, et ainsi à se sauver la vie. Si je pouvais faire intervenir un guérisseur, alors peut-être ne saignerait-il pas à mort, ni ne mourrait au contact de tant de métal froid plongé dans sa chair. Cela seul était un poison fatal pour les êtres de la Féerie.

La Meute était toujours active, toujours perdue dans la magie qui s’en diffusait. J’étais la seule à avoir réémergé de cet envoûtement. J’avais repéré Mistral et le sauver avait eu davantage d’importance pour moi que la mort de qui que ce soit d’autre. Est-ce pourquoi la plupart des légendes mentionnent que la Meute Sauvage est exclusivement accompagnée de Chasseurs ? Être femme signifiait avoir des considérations plus pratiques. Pour nous, la vie a davantage d’importance que la mort.

Agenouillée dans l’herbe curieusement tiédie, comme réchauffée sous ce déversement du sang de Mistral qui faisait fondre le givre impitoyable, je vis une flèche plantée dans la terre durcie par l’hiver et l’en retirai, précautionneusement, de peur de la briser en l’arrachant d’un coup. Elle était en bois, afin que les archers puissent la manipuler sans risque, mais lorsque apparut enfin la pointe, cela confirma mes pires craintes. Ils n’avaient même pas utilisé de métal moderne. C’était du fer forgé… le pire matériau dont faire usage contre les Feys !

Mon sang humain m’en protégeait, comme de n’importe quel autre métal, qui pour moi n’était pas aussi systématiquement fatal. Je pouvais toucher cette pointe de flèche sans qu’elle me nuise, mais une lance en bois aurait pu me tuer, alors que Mistral l’aurait à peine sentie passer.

Même si ces flèches avaient été ordinaires, les extraire sans assistance médicale aurait été trop affreux, mais leurs pointes l’empoisonnaient, inexorablement. Et chaque seconde où elles restaient plantées dans son corps correspondait à une autre pendant laquelle la mort s’infiltrait dans son système. Mais si je les retirais, elles ne feraient qu’élargir les plaies. Bon sang ! Je ne savais que faire ! Tu parles d’une Reine ! Incapable de prendre la moindre décision !

Après avoir déposé près de mes genoux la flèche que j’avais extraite du sol, les mains posées sur son côté et mon front contre son épaule, je me mis à prier.

— Déesse, guidez-moi. Que dois-je faire pour lui sauver la vie ?

— Voilà qui est fort touchant, dit une voix masculine.

Je me redressai d’un bond pour remarquer Onilwyn, là, dans la pénombre. Il avait rejoint depuis quelques mois mon escorte, mais lors de notre récent départ de la Féerie, il y était resté. Le fait est qu’il avait été occupé à ce moment-là à maîtriser mon cousin fêlé, mais il n’avait pas montré le moindre empressement à revenir se joindre à mon service. Il avait toujours été son pote, et jamais le mien, et comme j’avais trouvé toutes les excuses pour ne pas coucher avec…

— Le problème avec la magie de la Meute Sauvage, dit-il, est qu’elle vous fait perdre de vue l’essentiel, comme par exemple de laisser votre Princesse toute seule en pleine nuit sans le moindre garde du corps. Jamais je ne serais aussi négligent, Princesse Meredith.

Il me fit une profonde révérence en repoussant de côté les pans de sa houppelande, ses épaisses mèches bouclées retombant en avant. Difficile à voir dans l’obscurité, mais ses cheveux étaient d’un vert profond et ses yeux chlorophylle présentaient une étoile d’or liquide autour de la pupille. Plutôt courtaud et râblé, il était davantage structuré comme un cube comparé à mes gardes généralement sveltes, mais ce n’était pas ce qui l’avait gardé hors de mon lit. Je ne l’aimais tout simplement pas, et lui ne m’appréciait pas plus. Il ne voulait coucher avec moi que parce que c’était le seul moyen de soulager son abstinence imposée. Oh, et l’opportunité de devenir Roi, on ne devait pas l’oublier. Onilwyn était de loin bien trop ambitieux pour l’avoir zappé.

— Je te félicite de ton sens du devoir, Onilwyn. Mets-toi en rapport avec le monticule des Unseelies et demande-leur de nous envoyer d’urgence des guérisseurs, puis viens m’aider à emmener Mistral au chaud.

— Et pourquoi ferais-je ça ?

Il nous toisait dans son épais manteau d’hiver, une mèche rebelle lui balayant la joue sous le souffle glacé qui jouait sur notre peau. Les nuages se dissipèrent sous ce vent, et je pus grâce au clair de lune discerner plus nettement son visage. Ce que j’y vis m’emballa le pouls.

J’en frissonnai, mais ce n’était pas seulement de froid. Je vis la mort se refléter sur les traits d’Onilwyn, la mort et une intense satisfaction, ressemblant à du bonheur.

— Onilwyn, obéis !

Mais ma voix me trahit, révélant la peur qui m’avait saisie.

— Eh bien voyons ! dit-il avec un petit rire.

Puis il repoussa un pan de sa pesante houppelande, prêt à dégainer son épée.

Je cherchai à tâtons dans l’herbe, avec l’espoir de récupérer la seule arme que j’avais à disposition – la flèche – le plus discrètement possible, profitant de l’écran que m’offrait le corps de Mistral. Mais je devais transpercer Onilwyn avant qu’il ne sorte sa lame de son fourreau. Ce fut l’un de ces instants où le temps paraît se figer et où l’on semble en avoir bien trop pour voir le désastre se préciser, tout en n’en ayant pas assez pour pouvoir réagir.

Je lui flanquai une baffe de ma main gauche, qu’il para d’un coup presque délicat. Il la regardait, ainsi désarmée, lorsque je le poignardai de la flèche de l’autre. Je la sentis qui lui transperçait la chair. Je l’y poussai plus profondément, suffisamment pour le faire reculer d’un bond loin de moi, la flèche fichée dans la jambe.

Il me fallut tout mon courage pour ne pas lancer un coup d’œil par-dessus mon épaule vers la Meute scintillante. Les hurlements des hommes semblaient lointains, s’estompant, mais ils étaient à des kilomètres. On pouvait les voir sur les champs labourés. Il est vrai que la distance est difficile à évaluer en terrain plat, les choses y semblent parfois bien plus proches qu’en réalité. Les yeux tournés derrière moi, je ne devais pas espérer du secours.

Onilwyn parvint d’un coup à faire ressortir la flèche de sa cuisse, qu’il balança par terre en dégainant son épée.

— Petite salope !

— Tu avais prêté serment de me protéger, Onilwyn. Penses-tu vraiment que c’est la nuit idéale pour te parjurer ?

— Appelle donc la Meute ; même si elle rapplique à tire-d’aile, elle n’arrivera pas à temps pour te sauver !

— Je t’appelle parjure, Onilwyn. Je t’appelle traître, et que la Meute Sauvage me prête l’oreille ! déclamai-je alors.

Les hennissements perçants des chevaux me parvinrent, accompagnés des hurlements d’autres créatures, comme si ces masses informes avaient à présent des voix. Ils feraient demi-tour, ils reviendraient, guidés par Sholto. Mais Onilwyn s’avançait à grands pas dans l’herbe, l’épée à la main. Ils arriveraient trop tard… à moins que je n’oppose une résistance farouche.

La seule magie en ma possession qui fonctionnait à distance se manifestait au prix de la souffrance. Je n’étais pas sûre de ce que cela ferait aux bébés, mais si je mourais, nous mourrions tous.

J’invoquai donc ma Main de Sang. Il ne se produisit aucun éclair d’énergie, contrairement à la plupart des Mains de Pouvoir, aucun embrasement, aucun scintillement en soi. Je l’invoquai simplement au creux de ma paume gauche, solide à l’œil comme au toucher, semblant y pratiquer quelque ouverture invisible. C’était toujours comme ça que se manifestait ma Main de Sang.

J’invoquai ma magie en priant la Déesse que ce que je faisais pour nous sauver ne finisse pas par me tuer moi aussi. Comme si le sang dans mes veines s’était transformé en métal en fusion, si brûlant, si douloureux, comme s’il bouillonnait jusqu’à me faire fondre la peau pour se déverser hors de moi. Mais j’avais appris comment gérer cette souffrance atroce.

Je me mis à hurler, en tournant ma paume gauche face à Onilwyn qui maintenant courait vers moi. Il était Sidhe, il sentirait la magie, ou peut-être ne courait-il que pour s’assurer de me faire mon affaire avant l’arrivée de la Meute.

Je fis s’engouffrer en lui cette souffrance brûlante, bouillonnante, et, il en vacilla quelques instants, mais sans cesser de se rapprocher.

— Saigne ! criai-je à pleins poumons.

La perforation que je lui avais infligée s’entrouvrit d’un seul coup, plus largement, lui lacérant la peau, d’où le sang jaillit comme d’une fontaine. La blessure d’origine avait raté l’artère fémorale, bien trop profondément enfouie aussi bas sur la cuisse, mais mon pouvoir pouvait élargir sans problèmes une petite plaie de rien du tout. En blessant quelqu’un même à proximité d’une artère majeure, j’aurais l’occasion de l’ouvrir.

Ayant baissé son épée, après un instant d’hésitation, Onilwyn porta la main à sa blessure. Son regard se détacha alors de moi pour se tourner vers le ciel, et je savais ce qu’il y voyait. Je dus faire des efforts considérables pour ne pas regarder à mon tour dans cette direction, parce qu’il était arrivé que là où mes yeux se posent, ma Main de Sang fasse saigner l’objet de mon attention. Et c’était Onilwyn que je voulais voir saigner, et personne d’autre.

Après avoir regardé sa main qui scintillait sombrement au clair de lune de son propre sang, les yeux ne reflétant que haine, il brandit alors sa lame en se ruant sur moi, hurlant un cri de guerre.

— Saigne pour moi ! hurlai-je à mon tour.

La Meute arrivait, mais l’homme à l’épée était maintenant bien trop près. La question essentielle étant : pourrais-je le saigner à blanc avant qu’il ne parvienne à franchir la distance qui nous séparait ?

Les ténèbres dévorantes
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